L'importation du modèle de l'App Store sur Mac OS X pourrait faire penser que la logique est exactement la même :
Apple vend du matériel sur lequel elle réalise une marge confortable, et se servira du bas prix des applications sur le
Mac App Store comme d'un argument de vente.
Apple a clairement montré la voie : elle vend désormais
iWork et
iLife à la découpe, et a passé le prix d'
Aperture de 199 à 62,99 €.
Le succès est au rendez-vous :
Apple place 5 de ses références dans le top 10 des applications les plus rentables sur le
Mac App Store.
Aperture et
iPhoto sont même les deux applications les plus rentables du
Mac App Store, ce qui valide la stratégie de la baisse du prix du premier, et la vente à l'unité des applications
iLife pour le second.
La baisse généralisée du prix des logiciels
Apple avait néanmoins commencé bien avant le Mac App Store, bien avant même l'App Store tout court. En 2009,
Final Cut Pro, la suite professionnelle vidéo, a vu son tarif baisser de 300 €, soit 25 % de son prix initial. De quoi faire dire à Dan Wilken, monteur qui a notamment officié sur
Food Inc. que
Final Cut est désormais incontournable : «
Final Cut Pro peut faire tout ce que font les systèmes à un million de dollars, tout en ne coûtant que 15.000 $ (ce qui inclut le prix d'un Mac, de Final Cut, et des cartes vidéo ».
Entre sa première et sa deuxième version,
Aperture avait déjà perdu 120 € (le tiers de son prix original). Ce qui est valable pour
Apple est valable pour les autres : déjà en 2002, à l'époque d'une véritable crise entre
Cupertino et
Redmond, Phil Schiller conseillait à
Microsoft de baisser le prix d'
Office plutôt d'accuser un supposé manque de promotion de Mac OS X pour relancer ses ventes. Quelques mois plus tard,
Microsoft passait la suite
Office de 499 à 199 $ : elle est aujourd'hui installée sur 75 % des Mac…
Cette baisse de prix ne va pas de soi : certains développeurs sont parfaitement contre la dictature des top sur les boutiques d'Apple, qui oblige à multiplier réductions et coup de com' pour gagner en visibilité et donc atteindre le volume critique pour rentabiliser son investissement.
De nombreuses baisses de prix sur le Mac App Store sont volontaires, pour favoriser la comparaison avec l'iOS App Store et l'achat impulsif. D'autres sont forcées par la grille tarifaire d'
Apple qui manque de souplesse, notamment sur les tarifs les plus élevés.
Le cas d'Écoute est symptomatique : proposé à 7,5 € avant le Mac App Store, il est proposé sur la boutique d'Apple à 6,99 €, car le seul autre palier possible aurait été 7,99 € (et donc une augmentation).
Ce mouvement vers le bas de l'échelle tarifaire semble pourtant inéluctable pour une grande majorité des applications : on en revient au mantra de
Steve Jobs sur le prix et le volume. La révolution tarifaire du Mac App Store est donc multiple.
Pour l'utilisateur, un prix plus bas conjugué à une plus grande facilité d'installation et de mise à jour, c'est une concurrence sérieuse à toute velléité de piratage, et un argument qui peut faire pencher la balance lorsque l'on hésite à acheter une application.
Pour le développeur, notamment celui qui n'avait pas investi iOS, c'est une toute nouvelle manière de calculer la rentabilité d'une application, d'approcher le marché, de calculer ses risques, de jouer avec les promotions… mais c'est aussi le prix à payer pour avoir une formidable exposition et se débarrasser de tâches aussi ingrates que l'hébergement, les licences et la facturation.